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Le SFPQ devant la Commission Gallant : la sous-traitance fait exploser les coûts partout dans la fonction publique

Jeudi 23 octobre 2025

Le SFPQ est d’opinion que le scandale SAAQ-clic est l’arbre qui cache la forêt : c’est tout le virage numérique au gouvernement du Québec qui est en voie de déraper. Ce jeudi, le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) a témoigné devant le commissaire, l’honorable Denis Gallant, dans le cadre de la Commission d’enquête sur la gestion de la modernisation des systèmes informatiques de la Société de l’assurance automobile du Québec (CESIS).

Le SFPQ défend environ 2 400 travailleuses et travailleurs de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ). C’est ainsi qu’en février 2023, nos membres ont été témoins des nombreuses conséquences délétères de la transition numérique de la SAAQ et se sont retrouvés, malgré eux, en première ligne de ce fiasco. En plus de ne pas avoir été adéquatement préparée pour offrir ses services à la population, la SAAQ n’a pas su protéger son personnel d’une manière suffisante, déplore le Syndicat.

Perte d’expertise flagrante

Le président du SFPQ, Christian Daigle, a martelé que la fonction publique dans son ensemble souffre d’un déficit récurrent en ressources internes en informatique et devient dépendante des firmes privées. « La SAAQ a fait part de coûts allant de 1 000 $ à 1 100 $ par jour alors qu’à l’interne le coût maximal estimé est de 426 $. La sous-traitance coûte donc 2,3 fois plus cher ! Mais la SAAQ et les autres ministères invoquent toujours la même raison pour se tourner vers les firmes à gros prix: le manque de personnel à l’interne. La hausse fulgurante des coûts des projets est ainsi directement tributaire de la pénurie de travailleuses et travailleurs en informatique dans la fonction publique. Comme si ce n’était pas suffisant, le gouvernement de la CAQ impose l’austérité et le gel d’embauches. En choisissant encore et toujours la voie de la sous-traitance, il en coûte de plus en plus cher aux contribuables et témoigne d’une grossière incompétence dans la gestion de fonds publics », constate froidement monsieur Daigle.

Contrôle des firmes

La SAAQ, à l’instar d’autres ministères et organismes, ne fait pas les efforts nécessaires pour rapatrier à l’interne des activités récurrentes, rappelle le SFPQ et ainsi maintenir une expertise minimale dans les projets informatiques. Ce manque d’expertise favorise également le brouillage de la frontière entre le public et le privé. « Nos membres se font parfois demander par leur gestionnaire d’obéir aux directives des sous-traitants, qui prennent alors le contrôle du projet, faute de compétence. Il advient alors une inversion des rapports entre le contractant et le donneur d’ouvrage qui est malsaine, non seulement pour le contrôle des coûts, mais également pour la saine affectation des effectifs et le maintien de l’imputabilité des gestionnaires. Le déficit d’expertise interne favorise ainsi une situation de dépendance à celle des fournisseurs externes, qui s’en donnent à cœur joie pour surfacturer la SAAQ et les autres ministères. Les fournisseurs externes entretiennent parfois cette dépendance en refusant de céder la propriété intellectuelle de leurs développements et intégrations », déplore Christian Daigle.

Enfin, la « muraille de Chine » qui devrait exister entre les intérêts publics et les intérêts privés n’est définitivement pas assez étanche, en particulier en ce qui a trait aux technologies informatiques. « On constate que des personnes directrices des services informatiques dans la fonction publique participent au phénomène de portes tournantes, allant et revenant du secteur public au secteur privé quelques fois dans leur carrière. Ce manque d’étanchéité est inquiétant. Les allers-retours entre le public et le privé favorisent grandement le risque de collusion, ce qu’il faut éviter à tout prix », a conclu Christian Daigle.

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