Des milliers de personnes au chômage, c’est cruel!

C’est avec stupeur et colère que nous avons entendu le premier ministre François Legault annoncer avec fierté la semaine dernière qu’il voulait envoyer des milliers de personnes au chômage. Un mandat qu’il a confié à sa nouvelle présidente du Conseil du trésor, France-Élaine Duranceau, qu’il a surnommée Cruella en rigolant.

Le premier ministre fait preuve d’un incroyable manque d’empathie et de tact envers son personnel dévoué. Et quel manque de reconnaissance envers celles et ceux qui assurent la mission de l’État.  Cela crée un climat de travail malsain et anxiogène. C’est un comportement digne d’un patron toxique, ni plus ni moins.

Actuellement, des salariées et salariés, dont des femmes en congé de maternité, se font montrer la porte. D’autres se sont vus « incités fortement » à accepter de réduire leurs heures de travail pour conserver leur poste. De jeunes pères et mères de famille ont été virés avec un préavis de 15 minutes, sans pouvoir dire au revoir à leurs collègues. On brise votre vie et on vous prive du soutien moral que vous pourriez avoir. Vous trouvez vraiment qu’il y a de quoi rire? Vous trouvez qu’il y a de quoi être fier?

Mensonge

Au-delà de son attitude totalement inappropriée envers son personnel, le premier ministre ment à la population en prétendant qu’il va « faire le ménage » sans affecter les services. Il n’a même pas terminé ses « coupes en profondeur » qu’on sent déjà les effets sur le terrain. Des délais s’allongent un peu partout, retardant le retour en poste d’accidentés du travail et l’indemnisation de victimes d’actes criminels, par exemple.

Bientôt, des services risquent de disparaître comme nous l’avons déjà constaté :  fermeture de bureaux de Services Québec et des bureaux des infractions et des amendes; diminution des inventaires fauniques et des analyses écotoxicologiques de l’eau, de l’air et du sol. Couper sans toucher aux services, mon œil!

Réduire autrement

Pendant ce temps, on embauche des consultants souvent au double du prix du personnel de l’État. Où sont les économies? Pourquoi ne pas plutôt développer l’expertise interne? Le fiasco SAAQclic a pourtant fait la démonstration de l’urgence de mettre fin à la sous-traitance abusive. S’entêter dans cette voie paraît particulièrement mal avisé.

Finalement, pourquoi le premier ministre ne cesse-t-il pas d’ajouter de nouvelles structures inutiles, comme Santé Québec, Mobilité Infra Québec et l’Institut national d’excellence en éducation? Celles-ci coûtent une fortune pour embaucher des « top guns », des cadres et des gestionnaires sans réelle plus-value. Si on veut vraiment réduire les dépenses, commençons par cesser de multiplier les structures.

Le « grand ménage » du premier ministre ne relève pas de la saine gestion, mais de la poudre aux yeux!

Guillaume Bouvrette, président du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec

Christian Daigle, président général du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ)