L’Institut économique de Montréal, un lobby reconnu pour ses positions très à droite et favorables au privé, a proposé dans La Presse, une solution simpliste et populiste à un problème complexe. Une malhonnêteté intellectuelle indigne d’un institut le moindrement sérieux, aussi à droite soit-il.
Selon lui, il suffit d’éliminer 11 000 postes dans la fonction publique pour réduire le déficit du Québec. Après tout, ce ne sont pas des gens en première ligne, juste des gens qui travaillent dans des tours en béton. Cet argument empreint de mépris, démontre une méconnaissance totale du rôle du personnel de l’État.
Le personnel de l’État s’occupe, par exemple, de la coordination des services d’urgence lors d’inondations, de feux de forêt ou de catastrophes, comme l’accident de Lac-Mégantic. Il s’assure aussi de coordonner l’aide aux personnes démunies, de lutter contre l’évasion fiscale, de veiller au respect des lois et des règlements et de protéger la salubrité des aliments ainsi que la qualité de l’eau et de l’air. Ce ne sont là que des exemples.
Prétendre qu’on peut couper des milliers de personnes sans impacts sur la population, c’est de la pensée magique. Les répercussions des compressions se font sentir aux quatre coins du Québec sur la capacité des ministères et organismes de la fonction publique et parapublique à réaliser leur mission.
Oui, le nombre d’employés de l’État a augmenté depuis 2018, mais les exigences règlementaires et la population à desservir aussi. Il faut plus de monde pour effectuer plus de tâches, c’est logique. Il y a des limites à faire plus avec moins et cette limite est dépassée depuis longtemps. Affaiblir le contrôle des entreprises et limiter l’action gouvernementale auprès de population dans le besoin pour favoriser les plus riches et les grandes corporations, voilà ce qui est proposé par l’IEDM.
Réduire la taille de l’État pour l’accuser ensuite de mal faire les choses pour favoriser le privé, c’est une recette bien connue. Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage, dit le dicton.
Nous partageons évidemment la préoccupation pour une saine gestion des finances publiques, mais nos solutions visent avant tout la qualité des services publics pour la population du Québec. La plus simple et la plus efficace pour réduire les dépenses de l’État : mettre la hache dans la sous-traitance abusive. Alors que le gouvernement met des employées et employés à la porte en se privant ainsi d’une expertise importante, c’est le bar ouvert pour les consultants. Pourtant, ceux-ci coûtent bien souvent le double d’un employé à l’interne. Et ce, sans compter les nombreux dépassements de coûts comme on a pu le voir avec SAAQclic et le dossier de santé numérique, par exemple.
Bien sûr, il faudrait aussi que le gouvernement arrête de prendre de mauvaises décisions coûteuses, comme les investissements dans NorthVolt...
Christian Daigle, président général du SFPQ
Guillaume Bouvrette, président du SPGQ
